Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/57

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lomé, il semblait que le malheur en personne fût venu s’établir dans la maison. Les mauvaises récoltes s’étaient succédé, les maladies sur les bestiaux étaient arrivées plus terribles les unes que les autres, le seigneur s’était montré plus rapace, la femme et les enfants étaient tombés malades, et Tholomé, en fin de compte, se trouvait sans aucune ressource. Que faire ? Il n’en savait trop rien ; il avait beau se creuser la tête du matin au soir, il ne pouvait trouver le moyen de sortir de cette misérable situation.

Pour comble de malheurs, il arriva que le soir même du jour où son dernier cheval mourait de la maladie, le feu prit à la ferme et que les granges et les étables furent détruites ; il ne resta guère debout que le poulailler, le chenil et une partie de la maison. Cette fois, l’infortune du pauvre fermier était arrivée à son comble. Il était perdu, tout à fait perdu.

Le lendemain matin, comme il se promenait en se lamentant au bord du Bois-Brûlé, il s’écria inconsciemment sans doute : « Le diable seul pourrait me tirer de ce mauvais pas ! » Il avait à peine achevé ces mots qu’un petit homme, haut de trois ou quatre pouces tout