Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/7

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tint plus ; elle se redressa dans le berceau et se mit à chanter :


J’ai bien pour le moins neuf cent et quelques ans ;
Jamais je n’ai vu tant de petits pots bouillants !

La femme vit bien ainsi qu’elle avait affaire à une fée et non à sa petite fille. Aussi, prenant la petite fée dans ses bras, elle lui dit :

— «Méchante fée ! Qu’as-tu fait de ma petite fille ? Où l’as-tu cachée ? Rends-la-moi tout de suite ou je te jette dans le foyer !

— Ah ! ah ! ah ! Marie Colin est bien fine ! Si tu avais connu Marie Colin, tu aurais placé un chapelet bénit au cou de ta petite fille !… Tu ne l’as pas fait. Marie Colin est venue et a emporté l’enfant ! Ah ! ah ! ah ! Marie Colin est fine ! Elle a pris la place de l’enfant et l’a envoyée à la fée, son amie. Mais, tiens, je te rendrai ta fille si tu veux bien…

— Quoi faire ? Je suis prête à tout.

— Eh bien ! t’engager à lui arracher un cheveu tous les jours. Si tu oublies de le faire un seul jour, Marie Colin reviendra prendre ta fille et ton enfant mourra.

— J’y consens ; mais rends-moi vite ma fille !