Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/73

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blasphémait comme un vrai démon qu’il était, ce qui excitait encore plus la joie du paysan.

À la fin, ce dernier dit au diable Jean-Marie :

— « Tu le vois, tu es bien mon prisonnier ; mais, écoute : Promets-moi… ou plutôt jure-moi de ne jamais revenir me faire de tes vilains tours, et je te mettrai en liberté.

— Je te le jure.

— Ce n’est pas tout ; je viens de te vendre mon âme, il te faut me la rendre avec ma promesse. »

Le diable Jean-Marie dut accepter encore cette condition. Bien penaud, il se hâta de quitter la forge et de se rendre chez les siens.

Jean-Marie Diable avait deux frères, tous deux démons comme lui, bien entendu. Délicoton, l’un d’eux, partit pour jouer de nouveaux tours au malin forgeron. Pendant deux nuits, toutes les barres de fer qui se trouvaient dans la forge se mirent à danser en produisant un bruit infernal, de concert avec les clous, les tenailles, les étaux et l’enclume.

— « Certainement, se dit le forgeron, ceci est le fait d’un autre diable. Il me faut lui jouer un tour. Voyons… Délicoton, Délicoton, viens-tu ? Délicoton, viens-tu ? »