Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/91

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faudra laisser Catherine, ta bonne amie, qui se consolera bientôt sans doute et qu’à ton retour tu trouveras mariée à un autre que toi !… Tu disais tout à l’heure que tu donnerais volontiers ton âme au diable pour tirer un bon numéro demain ; je suis un fort bon diable et, quoique ton âme ne vaille pas deux vieux liards, je suis prêt à conclure le marché avec toi. Je te ferai tirer un bon numéro, tu seras libre d’épouser Catherine et, comme toute peine mérite salaire, tu me donneras ton âme en échange.

— Combien vivrai-je encore d’années ?

— D’années, dis-tu ? Nous autres, nous n’aimons pas à compter de la sorte ; nous comptons par jours ; ainsi nous disons : de six heures du matin à six heures du soir, c’est un jour…

— Cela ne fait rien à l’affaire. Je demande à vivre encore vingt ans.

— Je t’ai déjà dit de parler en jours et non en années.

— Alors, comptons : vingt fois trois cent soixante-cinq jours, cela fait… cela fait…

— Cela fait sept mille trois cents jours… C’est convenu.

Signe ce parchemin de ton sang.

— De mon sang ?