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Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/143

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tions de joie en apprenant qu’ils allaient en être les témoins.

« Les instructions terminées, les confessions entendues, je m’occupais des préparatifs de la fête, pendant que M. Maurault réglait la procession. M. McLeod, commandant du poste, fut prié de dresser les carabiniers, dont un sabre de bois décorait le commandant. Quelques exercices devaient précéder la cérémonie : sept Canadiens et sept Sauvages sont choisis pour remplir l’office de grenadiers. Les rangs se forment et les ordres se donnent, le tout en anglais. Nos Canadiens, au fait de ce manège, étaient ponctuels au commandement ; mais il n’en était pas ainsi de nos Sauvages ; ils étaient à peindre. Le dos en chameau, comme s’ils eussent un caribou à prendre à la surprise, les yeux élongés et la bouche béante, tout annonçait chez eux la surprise que leur causait ce nouveau spectacle. La femme de Loth, changée en statue de sel, n’était pas plus immobile. Au mot fire (feu), ils n’y étaient plus ; tous leurs nerfs semblaient se crisper, et ce n’était qu’après avoir entendu bien distinctement la décharge de leurs compagnons qu’ils se décidaient à lâcher la leur. Cet effroi, cependant, ne dura pas longtemps ; quelques exercices suffirent pour en faire de véritables vieux de la vieille. Pour moi, pendant tout ce temps, j’étais partout ; c’était des allées qu’il fallait tracer au cordeau, faire nettoyer et garnir de balises, deux reposoirs à élever à la gloire du S. Sacrement, croix de procession, bannière, etc., qu’il fallait fabriquer, et le tout devait être pris au grand magasin de la forêt. Aussi, avec ma troupe de coadjuteurs, je ne faisais qu’un rond, et, grâce à cette activité de tout le monde, le 10, tout était prêt.

« Après la prière du soir, j’expliquai aux Sauvages les différentes parties de la cérémonie ; il ne faut pas demander s’ils écoutaient des yeux, de la bouche et des oreilles. Quand je leur présentai l’ostensoir que j’avais apporté, ouvrage ancien, mais d’un très joli goût, les exclamations d’admiration se firent en-