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On se sert dans le moulin d’un ancien poêle que l’on distinguerait immédiatement des poêles actuels par l’épaisseur de ses plaques ; les vieillards se souviennent de l’avoir vu autrefois dans la chapelle ; il ne remonte cependant pas au temps des Français, car il porte les armes de l’Angleterre.

Continuons maintenant à remonter la côte : nous voilà en face de la jolie maison du meunier : des arbres nous protègent contre les ardeurs du soleil, des fleurs nous réjouissent par la variété de leurs couleurs. Si la demeure du meunier Sans-Souci était semblable à celle que nous voyons, il pouvait bien refuser de la vendre au roi de Prusse.

Entrons ici, car M. Fortin, le meunier, est notre ami. C’est le maître-chantre de la chapelle des Forges, et les habitants des Trois-Rivières aiment certes bien à l’entendre, eux aussi, quand il va prendre sa place au chœur de la Cathédrale. M. Fortin va maintenant être notre guide dans la visite que nous allons faire des parties les plus intéressantes du village.

Dirigeons-nous immédiatement vers la chapelle, car la maison de Dieu doit toujours avoir nos préférences. En passant, remarquez cette maison longue, à plusieurs logements, c’est la dernière de cette forme qui reste de l’ancien village, tel qu’il était dans les temps de prospérité. Traversons maintenant la rivière ; à côté du pont, qui peut avoir une vingtaine de pieds, à notre gauche, voyez cette petite cascade artificielle : c’est là que les charretiers venaient laver la mine de fer, avant de la transporter au fourneau.

Nous passons devant une maison à deux portes, où se fait maintenant l’école, et sur une petite élévation, la face au chemin, nous trouvons la chapelle. C’est une maison en bois, de 50 pieds sur 30, qui fut élevée dans le temps que Mrs Stuart et Porter étaient propriétaires des Forges. La croix à fleurs de lis surmonte le clocher est la croix de l’ancienne chapelle qui se trouvait à quelques arpents d’ici ; elle est de fonte, et on conserve encore le modèle en bois qui servit pour en faire le moule.