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lorsqu’on lui permet de s’échapper, tout le bois qui couvrait le lac s’engouffre dans le courant avec une force irrésistible et se rend ainsi jusqu’au Saint-Maurice.

Les Canadiens sont maintenant passés maîtres dans cet art du flottage des bois, et ils peuvent en montrer aux Américains qui leur ont donné les premières leçons.

M. Philipps fut l’une des victimes de l’ancien vapeur « Montréal, » et comme c’était lui qui fournissait les fonds de la société Norcross et Philipps, on ne put continuer les opérations après sa mort. La scierie des Trois-Rivières ayant donc fonctionné pendant quatre ans fut ensuite fermée, et demeura inactive pendant sept longues années.

M. J. K. Ward qui avait exploité avec grand succès la scierie de Maskinongé, entreprit alors de ressusciter celle des Trois-Rivières. Cependant, comme plusieurs prenaient sur eux d’affirmer qu’il était impossible d’y faire de l’argent, il commença par louer les usines pour 5 ans, avec droit de les acheter pour un prix convenu, s’il jugeait à propos d’en devenir le propriétaire. Il les fit fonctionner pendant quatre ans et réalisa de beaux bénéfices ; il les acheta donc avant l’expiration du bail, mais pour les revendre, avec profit, à M. William Stoddard en 1868.

Je dois faire remarquer ici que ces usines consistaient en deux bâtiments séparés, dont les scies étaient mues par la même machine à vapeur. Or en 1870, un incendie vint détruire le plus récent de ces deux bâtiments, tout en laissant l’autre intact. C’était une lourde perte, car le feu détruisit en même temps une immense quantité de bois scié.

L’incendie du « moulin des Américains » fit grand bruit aux Trois-Rivières et dans les environs. Voici comment en parle M. l’abbé Louis Richard, dans sa belle Histoire du Collège des Trois-Rivières : — « Le premier jour du mois d’avril, vers dix heures du soir, au moment où la communauté entrait dans ce calme et ce silence profond de la nuit, tout à coup, le son du tocsin et en même temps une lueur sinistre s’élevant