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du côté est de la ville, annonçait à tous les citoyens un épouvantable malheur. En un clin d’œil, les cris « au feu, au feu » avaient mis toute la ville en émoi et l’on ne tarda pas à apprendre que l’incendie s’était déclaré dans une des bâtisses attenantes aux immenses scieries de la compagnie américaine, que déjà l’un des moulins était tout en feu et que l’élément destructeur poussé par un fort vent du nord-est menaçait toute la ville. Au premier signal, les trois compagnies de pompiers s’étaient rendues sur le théâtre du sinistre ; mais les flammes et la fumée poussées violemment du côté où les pompiers pouvaient agir, rendaient leur action impuissante. Bientôt le feu se communiqua aux grandes piles de bois scié qui couvraient plus de vingt arpents en superficie, et il s’y propagea avec une effrayante rapidité. Alors les flammes acquirent une telle intensité et s’élevèrent à une si grande hauteur, qu’elles furent vues à plus de quinze lieues à la ronde. De cet immense brasier, montaient en tourbillonnant de véritables nuages de tisons ardents qui s’abattaient sur la ville en véritable pluie de feu, menaçant de tout détruire. Le feu fut porté à plus d’un mille de distance sur la rue St-Philippe et sur la rue Notre-Dame où des commencements d’incendie furent heureusement arrêtés. Chaque propriétaire dut veiller à la protection de sa maison. Mais ce fut surtout au couvent des Dames Ursulines que le danger fut plus considérable et les commencements d’incendie plus souvent répétés. Ce ne fut que grâce à l’opportunité des secours, s’il a pu être sauvé. »

« Pendant six heures durant, cet immense brasier éclaira la ville et les environs et tint sous le coup d’alarmes continuelles tous les citoyens de la ville, et la plupart des écoliers qui n’avaient pu fermer l’œil de la nuit. Ce ne fut que vers le matin que l’on cessa de craindre, au moins pour les édifices un peu éloignés. Jamais les témoins de cet épouvantable incendie n’oublieront les terreurs qu’il leur a causées durant toute cette longue nuit. »

Je me permettrai d’ajouter un petit détail à cette description si exacte et si magnifique : — M. le chape-