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À LA RIVIÈRE-CROCHE

Monseigneur monte dans une barge, accompagné de votre humble serviteur ; M. Prince est en canot d’écorce avec son ex-paroissien, M. Richard Brûlé ; nos deux autres compagnons sont aussi en canot d’écorce. Il pleut, mais nos parapluies nous protègeront suffisamment : en avant, sur le Saint-Maurice ! Cette fois nous sommes en haut de La Tuque. Nous voyons l’autre versant de cette montagne ; il est absolument régulier, et on en ferait l’ascension d’une manière relativement facile.

La grande rivière Bostonnais que nous avions aperçue de la maison, ce matin, est maintenant à deux pas de nous avec ses deux embouchures séparées par une île verdoyante. On dit que sur ses bords il y a des marécages, où se forme une quantité prodigieuse de ces cousins que nous décorons du nom harmonieux de maringouins. Je le crois facilement, car depuis notre départ de La Tuque, ces insectes nous enveloppent comme d’un nuage vivant. On relève les collets des habits, on se met un mouchoir autour du cou ; quelques-uns se mettent leur mouchoir sur la tête, en capuche, de manière à ne laisser au contact de l’air que le nez, les yeux, et quelques endroits adjacents. Mais toutes les parties exposées ont terriblement à souffrir, et celui qui est avare de son sang doit se préparer à combattre sans relâche contre une nuée d’ennemis.

Je vous dirai, mon cher lecteur, que les maringouins de la Rivière-Croche ne sont pas comme les