Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

DES
TROIS-RIVIÈRES
AUX PILES

Monseigneur Laflèche, en compagnie de votre humble serviteur, partit des Trois-Rivières, par le train des Piles, le lundi, 15e jour d’août, à 7 heures du matin. On célèbre en ce jour la fête de l’Assomption de la Sainte Vierge : la patronne de la Cathédrale des Trois-Rivières avait sans doute pris notre voyage sous sa protection spéciale, aussi fut-il heureux depuis le premier moment jusqu’au dernier.

La nature était souriante, Monseigneur était d’une gaieté parfaite, et nous, comme étant le plus jeune, sans doute, nous sentions dans le cœur la joie vive d’un enfant que ses parents emmènent à la promenade. Nous ne rougissons pas de ce sentiment : tous les hommes sont un peu enfants, et ceux qui prétendent ne l’être plus du tout, prouvent seulement qu’ils le sont un peu plus que les autres. Le Saint-Maurice nous attirait mystérieusement ; on eut dit que les effluves poétiques de cette nature si grande et si pittoresque nous arrivaient de loin comme un parfum, et commençaient déjà à enchanter notre âme.

La vapeur nous emporte rapidement vers le nord, et bientôt nous arrivons à la station de St-Maurice. Il y avait beaucoup de monde à la station, mais le compagnon de voyage que nous attendions en cet endroit, M. le chanoine J. Prince, ne s’y trouvait malheureusement pas. Le train des Piles avait changé ses heures de départ ce matin-là même, et M. Prince n’avait pas été averti du changement. Nous étions fort contrariés, car M. Prince est l’un des plus aimables compagnons de voyage que l’on puisse rencontrer. Monsei-