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Origines du parlement de Bretagne.

du Parlement, Henri IV laissa clairement percevoir que telle était encore sa politique : il choisit comme procureur général un homme que repoussaient tous les officiers « originaires », et, en dépit d’une opposition formidable, il le fit installer dans sa charge. Cet officier était un « non-originaire », un ancien ligueur ; il fut l’ennemi personnel des principaux juges « originaires » ; il devint, à la Cour de Rennes, le chef du parti étranger[1] .

La plupart des magistrats qui parurent à Rennes en 1553, comme « non-originaires », possédaient déjà des offices à Paris ou dans des provinces peu éloignées de la Bretagne, en Touraine, en Poitou, en Anjou ; on leur permit de les conserver, et ce fut sans doute pour leur plus grande commodité que le Parlement de Bretagne fut divisé en deux groupes d’officiers qui devaient siéger chacun trois mois ; on donna le nom de « séances » à ces périodes judiciaires ; quand elles étaient closes, les juges qui possédaient deux offices pouvaient se rendre dans d’autres juridictions[2].

La première « séance » devait être tenue à Rennes et commencer le 1er août 1554 avec le premier et le troisième président, messires René Baillet et François Crespin, assistés de seize conseillers ; la deuxième devait s’ouvrir à Nantes, le 1er février 1554 (avant Pâques), avec le second et le quatrième président, messires Julien de Bourgneuf, seigneur de Cucé, et André Guillard, assistés aussi de seize conseillers. Chaque « séance » posséda huit conseillers « originaires » et huit « non-originaires » ; chacune eut son avocat général. Le procureur général fit partie des

  1. Annales de Bretagne, janvier 1887 ; H. Carré. Réception d’un procureur général au Parlement de Bretagne (1603).
  2. Archives d’Ille-et-Vilaine, B. 1., Mémoire sur le Parlement.