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ORIGINES DU PARLEMENT DE BRETAGNE.

les ligueurs et conduit au château de Nantes (2 mars 1589)[1]. Le prestige de la Cour tendait à s’effacer. Elle commandait en vain aux gentilshommes établis dans les villes de Vitré, Josselin et Fougères, de mettre bas les armes[2] ; en vain elle rendait un arrêt pour interdire à tous gens de guerre de s’assembler sans permission des lieutenants-généraux[3] ; elle n’avait pas plus de succès quand elle défendait à toutes personnes de se réunir à Nantes a en forme de conseil » pour y décider quoi que ce fût sur les deniers royaux, et quand elle ordonnait à tous les fermiers et sous-fermiers de transporter l’argent de leurs recettes dans la seule ville de Rennes ; ses arrêts se multipliaient inutilement : tantôt elle déclarait qu’il serait informé contre les ecclésiastiques qui auraient lu aux prônes des grand’messes des libelles pour diffamer le Roi, et contre les imprimeurs qui les auraient imprimés[4] ; tantôt elle menaçait ceux qui portaient des blés ou des beurres dans les villes rebelles et enjoignait aux substituts du procureur général de faire saisir ces marchandises[5] ; tantôt enfin elle enregistrait des lettres patentes qui transféraient à Rennes l’université de Nantes[6]. Malgré tout, la rébellion gagnait du terrain en Bretagne, et bientôt un coup terrible fut porté aux magistrats qui s’obstinaient à demeurer fidèles au Roi. Henri III était mort le 2 août 1589 ; ils avaient reconnu Henri de Navarre comme son successeur légitime ; mais déjà le duc de Mayenne et le conseil de l’Union établi à Paris avaient expédié au duc de Mercœur des « lettres » l’autori-

  1. Dom Morice, Preuves, t. III, col. 1695, (Journal de Pichard).
  2. Registres secrets : 8 et 17 avril 1589.
  3. Ibid., 3 août.
  4. Ibid., 5 août.
  5. Ibid., 7 août.
  6. Archives de Rennes, 336.