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DÉBUTS DE LA LIGUE.

sein aucun conseiller de la religion réformée[1]. Quand le duc de Mercœur, après s’être assuré sous main de la plupart des châteaux, villes et communautés de Bretagne (1588)[2], eut enfin levé le masque et pris les armes contre Henri III, les juges souverains s’apprêtèrent sur-le-champ à le combattre. Ils enregistrèrent les « lettres » du Roi qui portaient révocation du gouverneur de la province[3], et rendirent un décret de prise de corps contre quelques-uns de ses partisans [4]. Ayant reçu des lettres patentes qui transféraient la Chambre des Comptes à Rennes, ils les enregistrèrent sans retard[5] ; ils agirent de même quand le Roi leur fit savoir qu’il voulait que les biens des rebelles fussent saisis et employés, soit à payer les frais de la guerre, soit à indemniser ses sujets fidèles des pertes qu’ils auraient pu subir en défendant sa cause [6]. D’eux-mêmes, ils prirent des mesures décisives ; ils chargèrent leur procureur général d’informer contre quelques officiers de la Cour qui avaient déjà fait défection [7], lui donnèrent commission pour « arrêter aux mains du maître de la monnaie et marchands de Rennes » tous les papiers de crédit appartenant aux habitants des villes rebelles[8].

En peu de temps, toutefois la situation du Parlement de Rennes devint très grave. Son premier président, Messire Claude de Faucon, sieur de Ris, fut tout à coup enlevé par

  1. Archives d’Ille-et-Vilaine, B. 1 : Thèse des Jésuites.
  2. Dom Morice, Preuves (Paris, 1746), t. III, col. 1095 (Journal de Pichard).
  3. Registres secrets : 24 avril.
  4. Ibid., 4 mai 1589.
  5. Archives de Rennes, 336.
  6. Registres secrets : 9 mai 1589.
  7. Ibid., 5 mai.
  8. Ibid., 9 mai.