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vénalité des charges.

frère puîné de Sully : l’autre est dû à Noël du Fail, seigneur de la Hérissaye, gentilhomme breton et conseiller au Parlement ; ce sont les Contes et discours d’Eutrapel, sorte de pamphlet où des idées sérieuses se cachent sous les bouffonneries. Philippe de Béthune fut nommé, par lettres patentes du 14 décembre 1605, lieutenant du Roi au gouvernement des évêchés de Rennes, Saint-Malo, Dol et Vannes[1]. Les archives de Rennes possèdent plusieurs lettres signées de son nom ; il y paraît s’intéresser vivement aux affaires de la ville[2]. Sans doute, il se trouva mis en rapports avec nombre de Bretons durant les dernières années du règne de Henri IV, et le jugement qu’il porte sur la vénalité des offices doit être ici d’un certain poids. Vendre les charges publiques n’est pas seulement pour lui déshonnète, mais pernicieux, « et néanmoins l’abus est allé si avant », dit-il, que ce trafic est reçu et même « soigneusement ménagé comme un fonds ordinaire de finances ». Ceux qui sont devenus officiers par l’appui d’un courtisan ou par le secours de leurs seuls deniers doivent blâmer eux-mêmes l’abus dont ils ont profité et avoir moins d’affection et de respect pour le prince qui a toléré qu’il en fut ainsi. Ils estiment toutefois ne pouvoir s’élever que par l’argent, et s’efforcent sans cesse d’acheter des charges plus importantes que celles qu’ils remplissent. Philippe de Béthune voudrait que le Roi favorisât l’avancement des plus dignes et établît à cet effet des règles qu’aucun officier ne pourrait enfreindre pour monter de degré en degré dans la hiérarchie judiciaire. L’émulation existerait ainsi parmi les officiers ; la vénalité

  1. Registres secrets : 3 janvier 1606.
  2. Archives de Rennes, 284 : 10 septembre, 31 octobre, 16 décembre 1606.