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prix des charges.

pouvaient guère se vendre en France au-dessus de neuf mille livres, et que ceux des présidents atteignaient à peine le prix de vingt mille livres[1]. Si l’on constate que le pouvoir de l’argent, de 1550 à 1575, s’est abaissé environ d’un quart[2], on verra que la charge de conseiller, vendue en 1558 pour sept mille deux cents livres, pouvait, sous le règne de Henri III, valoir exactement la somme de neuf mille livres citée par Loyseau. Il est probable que la vente des charges, à partir de 1589, durant toute la guerre civile, et même jusqu’à la fin du siècle, se fit dans de moins bonnes conditions qu’en temps ordinaire. Il paraît en avoir été ainsi en Normandie. Le 10 mai 1597, par-devant Lambert et Théroulde, notaires à Rouen, M. René d’Amphernet traita d’une charge de conseiller au Parlement, au prix de deux mille deux cents écus[3]. C’était là sans doute une somme assez minime, mais il ne faudrait pas considérer comme étant de même valeur les charges de la Cour de Rouen et celles de la Cour de Rennes. En 1597, un conseiller « originaire » avait six cents livres de gages à Rennes et un conseiller « non-originaire » huit cents[4]. A Rouen, à partir de 1593, les gages de conseillers de la grand’ chambre n’auraient pas, d’après Floquet, dépassé quatre cent soixante-quinze livres ; un surcroît de gages de vingt-cinq livres

  1. Loyseau, l. III, ch I, 2.
  2. Leber : Mémoires sur l’appréciation de la fortune prives au moyen âge relativement aux variations des valeurs monétaires et du pouvoir commercial de l’argent, lus à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, séances du 3 et du 10 septembre 1841. — Mémoires présentés à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1er série, t. Ier, p. 244.
  3. Archives de la famille d’Amphernet ; note relevée par M. Saulnier, conseiller à la Cour d’appel de Rennes.
  4. Archives d’Ille-et-Vilaine, B. I. Mémoire sur le Parlement.