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des offices.

Guise en peuplant les Parlements de leurs créatures[1], il avait pris son parti de perpétuer les offices dans les mêmes familles, espérant qu’à la longue il s’y établirait des traditions d’honneur et de science qui pourraient compenser ce que l’hérédité des charges portait en elle de mauvais.

Les offices du Parlement de Bretagne furent, dès cette époque, grevés de deux droits différents : l’un payé par tout homme qui prenait auprès du Pioi ses « lettres de provision », l’autre annuel ou du « soixantième denier ». Ce fut ce dernier droit qui détermina en partie le prix des charges souveraines ; conservées souvent par les mêmes familles, elles devinrent une marchandise rare et très recherchée.

Il n’est pas impossible de découvrir ce que pouvaient coûter les offices souverains à la Cour de Rennes au temps de Henri IV. Ce fut surtout alors que leur prix s’éleva d’une façon singulière. A l’origine, il n’avait rien d’exagéré. Un registre d’enregistrement contient la copie d’une quittance de 1558 délivrée par un notaire-secrétaire de la chancellerie à l’acquéreur d’un office de conseiller originaire créé par le Roi ; il y est dit que le notaire-secrétaire, commis par le contrôleur général des finances, a reçu du « pourvu d’office », Jacques Lemaître la somme de sept mille deux cents livres[2]. Une charge de cette valeur rapportait six cents livres de gages, presque dix du cent. Peut-être était-elle vendue par le Roi moins cher qu’elle ne l’eût été par un particulier. Le prix des charges ne dut pas s’élever beaucoup jusqu’au temps de la Ligue. Loyseau prétend que, sous le règne de Henri III, les offices de conseillers ne

  1. Poirson, Histoire du règne de Henri IV (Paris, 1856), t. Ier, p. 440.
  2. Registres d’enregistrement : 16 décembre 1558.