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mes vacances au congo

la fois une garantie et une protestation contre la réputation d’insalubrité que les vieux coloniaux ont faite à Matadi. Une garantie, car il est joliment situé et parfaitement ordonné. Une protestation, car il est vide.

Dirai-je Boma-l’officielle ? Pour elle, comme pour ce Matadi, dont la sépare le Chaudron d’Enfer, il me semble que la commune renommée a manqué d’indulgence au point d’être injuste. À la vérité, il convient de blâmer ses constructions en tôles gondolées ou à toitures plates. Il importe de corriger le voisinage ou la confusion des maisons européennes et des logis pour indigènes. Mais à côté de ces erreurs, il y a quelques réussites : l’avenue des manguiers ne manque pas d’allure, le marché couvert est vivant à souhait et l’école dirigée par les Frères des Écoles chrétiennes est d’autant plus intéressante qu’elle groupe et forme des orphelins appartenant aux tribus indigènes les plus variées.

Quant aux témoignages par quoi notre administration coloniale y a manifesté l’inexpérience de ses débuts, ils ont peut-être, eux-mêmes, l’intérêt d’un souvenir d’histoire et l’utilité d’une leçon. Et puis, du haut de ses sept collines, — car Borna est tout en monticules comme la Ville Éternelle, — quels admirables couchers de soleil embrasant là-bas la large route d’eau qui est le chemin de l’Atlantique !

* * *

Passé l’île de Mateba, ce chemin se divise bientôt, au gré des îles et des îlots de l’embouchure, en d’innombrables canaux. Parmi les méandres de ce labyrinthe, un « motorboat » nous a conduits jusqu’à Banane. Son faible tirant d’eau lui permet de glisser partout et de pénétrer le mystère de ces cri-