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des secours de toute nature de la part de l’opulente abbaye de Tours. Il assure en même temps aux moines de Saint-Paul la jouissance paisible de tous les biens légués par l’abbé Ithier, et de ceux que voudront leur donner Alcuin et d’autres dévots personnages. La déclaration royale, il faut en convenir, s’appuie sur un considérant assez étrange. Le monarque proclame que par la grâce de Dieu, il est le maître de donner à qui bon lui semble les propriétés du monastère de Saint-Martin[1]. C’était alors le droit du souverain ; mais nous sommes déjà loin du temps où Clovis condamnait à mort un soldat, qui, malgré sa défense, avait pris de l’herbe sur le domaine de Saint-Martin. Il ajoute toutefois qu’il ne saurait en faire un meilleur emploi, qu’en attribuant une parcelle des mêmes biens aux usages du monastère de Cormery. Plus d’un propriétaire aujourd’hui n’accepterait pas volontiers les raisonnements du monarque ; mais les sujets ne raisonnaient guère en ce temps-là.

Le prince cependant ne se contenta pas d’être généreux du bien d’autrui ; il voulut faire des largesses personnelles. En conséquence, le 11 juin, il accorda la seconde charte, en vertu de laquelle il donne aux bénédictins de Cormery et à leurs gens l’autorisation d’avoir deux bateaux à leur service sur la Loire, la Mayenne et la Sarthe, le Loir el la Vienne, sans être soumis à payer un impôt quelconque. Il les exempte notamment des droits de douane, de gabelle : teloneum, ripaticum, salutaticum, portaticum. Le fisc a toujours eu

  1. Op. cit., col. 992. — Cartulaire de Cormery, p. 7 et 9.