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mille ressources pour puiser dans la bourse des contribuables. Les habitants de Cormery du moins, sous le pavillon du monastère, purent naviguer plus commodément que beaucoup d’autres sur les principales rivières de notre pays. Il paraît d’ailleurs que ce privilège avait une certaine importance pratique, car les moines eurent soin de le faire confirmer par les successeurs de Charlemagne, et ils obtinrent même d’autres adoucissements du même genre. Les rivières, en effet, ces chemins qui marchent, suivant l’expression de Pascal, furent durant tout le moyen-âge et jusqu’à nos jours les voies commerciales les plus fréquentées ; trop souvent elles furent les seules accessibles aux longs transports et même aux communications de province à province.

À peine Charlemagne s’est-il mis en route pour l’Italie, que, rendu au calme ordinaire de la vie monastique, Alcuin s’occupe d’appeler des moines à Cormery. Il s’adresse pour cet objet, à saint Benoît d’Aniane, son ami, le restaurateur en France de la règle bénédictine et par ses leçons et par ses exemples. Benoit, fils d’Aigulfe, comte de Maguelonne, servit avec distinction dans la maison et les armées de Pépin et de Charlemagne. C’était un caractère ardent qui, après avoir longtemps brillé dans le monde, se sentit tout-à-coup pris d’un violent dégoût des richesses, des plaisirs et des honneurs, et qui passa, sans hésiter, du mouvement des affaires et de l’agitation de la cour, au sein de la solitude la plus profonde. Aux rêves de l’ambition et au bruit des armes succédèrent les douces jouissances de la piété et la paix de la conscience. Devenu abbé de