Page:Cartulaire de Cormery.pdf/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xx

Il est bien difficile d’admettre qu’à la fin du viiie siècle, il y eut à la fois des chanoines et des moines à Saint-Martin, quoique Raoul Monsnier, dans son Histoire inédite de l’insigne église de Saint-Martin de Tours[1]attribue à cette époque la transformation de l’abbaye en Collégiale. Les récits d’Alcuin, les diplômes émanés de Charlemagne et de Louis-le-Débonnaire, et d’autres actes authentiques démontrent, comme l’a mis en lumière le docte Mabillon, que le clergé de Saint-Martin appartenait encore à l’ordre monastique.

Quoiqu’il en soit, Alcuin installa lui-même les bénédictins à Cormery et leur prodigua toute sorte d’attentions. L’auteur anonyme de la vie d’Alcuin nous a conservé un trait qui montre la tendresse qu’il leur portait. Il nous apprend que l’abbé de Saint-Martin fut obligé de poursuivre des gens qu’il avait chargés de conduire du vin pour la consolation des frères de Cormery, dit naïvement l’historien[2]. Ces gens, dont la race s’est perpétuée jusqu’à nos jours, s’étaient amusés, chemin faisant, à boire le vin des moines, et ils avaient espéré cacher entièrement leur fraude grâce à une abondante addition d’eau.

Alcuin avoue à plusieurs reprises qu’il se plaisait beaucoup en Touraine. Il aimait la douceur du climat, la variété des fruits et le caractère des habitants. En une seule circonstance il se plaint des Tourangeaux : cum Turonica quotidie pugno rusticitate ; il s’agissait

  1. Ce précieux mss. en 2 vol. in-fol. est déposé à la Bibliothèque municipale de Tours.
  2. Cap. xi, num. 20.