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complètement organisée, le droit de l’abbaye, né des immunités et concessions royales, se transforma en celui de haute, moyenne et basse justice. Comme les hommes n’ont jamais été assez sages pour arriver à se passer de procédures, de jugements et de prisons, les habitants du pays de Cormery, exempts des juges ordinaires et des geôles royales, furent soumis aux juges nommés par les moines et connurent trop souvent les prisons de l’abbaye. En quelque nom que ce soit, les condamnés durent payer l’amende, et manger le pain amer de la justice. Pourtant les gens de Cormery y gagnèrent quelque chose, car les procédures ecclésiastiques au moyen-âge furent moins dures que les autres, et comme tout le monde le sait, elles tendirent constamment à adoucir les traditions cruelles léguées par l’antiquité.

En 821, Fridegise réussit à donner au monastère de Cormery sa constitution définitive. Il n’était pas difficile à un esprit aussi judicieux que le sien, et à un homme occupé habituellement aux affaires de l’État, de sentir que la régularité monastique aurait à souffrir, si des religieux bénédictins relevaient uniquement d’un abbé, en quelque sorte étranger, et ordinairement éloigné, absorbé par les soucis de la politique et les intrigues compliquées de la cour impériale. Il s’agissait de mettre à la tête du monastère un abbé régulier, soumis lui-même à la règle bénédictine, tout en maintenant les droits de prééminence et de juridiction à l’église Saint-Martin. En qualité de chancelier, Fridegise était en position d’exprimer nettement sa pensée et de la mettre