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fut l’origine de la ville de Cormery. Avant l’arrivée de l’abbé Ithier, c’était un lieu solitaire ; un demi-siècle après c’était déjà un bourg assez considérable. La réputation du monastère y attira des habitants en foule. De là naquirent des intérêts communs. Bientôt nous verrons s’organiser une paroisse, avec son esprit propre, son désir insatiable de franchises, commun à toutes les corporations. Spectacle curieux et instructif au moyen-âge, l’Église établit et protège les paroisses, lesquelles, par suite de concessions obtenues moitié de gré moitié de force, réussirent à se procurer les avantages de la commune, longtemps avant de s’émanciper complètement de la tutelle de leurs patrons primitifs. Pour être juste, nous devons dire maintenant que la ville de Cormery, durant le long cours de douze siècles, se montra toujours reconnaissante envers ses bienfaiteurs, jusqu’au moment où la tempête emporta tout l’institut monastique. Il faut également le proclamer, les moines traitèrent avec une constante bienveillance la ville dont ils avaient protégé le berceau, à l’ombre des murs de leur sainte retraite. L’abbaye et la ville eurent à traverser des jours néfastes ; les Normands, les Anglais, les Huguenots y laisseront dans le sang et les ruines de tristes marques de leur passage. Avec la vitalité qui caractérise les grands établissements religieux du moyen-âge, le monastère se relève, l’orage passé ; et, sa libéralité sera inépuisable : pour réparer les malheurs des habitants.

En 845, l’abbé Audacher ouvrit pour la ville de Cormery la source principale de la prospérité, en établis-