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Les bonnes intentions de Mainard ne pouvaient être mises à exécution sans l’autorisation du roi. Le consentement de l’archevêque de Tours était également nécessaire. La double intervention de la puissance suprême et de l’autorité ecclésiastique était requise dans la fondation des établissements monastiques : les intérêts de l’Église et de l’État s’y trouvaient engagés. En cette occasion spéciale, l’action du pouvoir était indispensable. La dévotion vive, mais peu éclairée de Mainard, voulait que le monastère de Villeloin demeurât à jamais sous la dépendance de celui de Cormery, de manière que l’abbé de Cormery eût en main le gouvernement des deux maisons. C’était bien peu connaître l’esprit humain. Les moines de Villeloin, qui voyaient autour d’eux tous les monastères choisir librement leur supérieur, en vertu du droit d’élection, droit toujours cher à ceux qui doivent obéir, se lassèrent vite d’un régime d’exception. Ils réclamèrent le droit commun, refusèrent de vivre éternellement en tutelle et se séparèrent de la maison-mère. En tout temps, comme on voit, les aspirations des hommes ont été les mêmes : toujours on invoque la liberté… pour se donner un maître.

Mais n’anticipons pas les événements. L’abbé Audacher, muni d’un acte d’acquiescement du comte Vivien, abbé laïc de Saint-Martin de Tours, alla trouver le roi Charles le Chauve pour obtenir confirmation de la donation de Mainard, sous la clause expresse que la nouvelle congrégation serait sous la dépendance directe de l’abbaye de Cormery. Le prince accorda tout ce