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qu’on lui demanda. Accablé sous le poids des affaires publiques, préoccupé de mille difficultés sans cesse renaissantes, ce monarque était trop faible pour tenir tête à l’orage qui, depuis douze ans, ravageait les provinces de son vaste empire. Les barques normandes sillonnaient nos rivières, et, à l’aide des moindres cours d’eau, pénétraient jusqu’au centre de la France. Dès l’année 838, les Danois s’étaient emparés d’Amboise et de Bléré, et avaient pillé les villages voisins. Cormery avait alors été épargné. En présence de la faiblesse du souverain et de son impuissance trop ouvertement constatée, le désordre régnait dans toutes nos campagnes : la raison du plus fort était seule écoutée. De hardis partisans ne se faisaient pas scrupule d’envahir le bien d’autrui. On peut penser que le bien des moines ne fut guère épargné.

Charles le Chauve, du moins, voulut assurer aux monastères qui avaient recours à lui des privilèges et des immunités. C’était une ombre de la toute-puissance impériale, naguère si formidable ; c’était une consolation pour les opprimés. Aux yeux des courtisans, rien ne paraissait changé, puisque les belles formules de la chancellerie impériale étaient conservées. Aux yeux des gens d’Église, dont le génie en tout temps fut éminemment conservateur, l’illusion durait encore. Nous voyons cependant se produire dans le diplôme royal de 850 un fait curieux à constater. Comme sauvegarde aux intérêts aisément compromis des moines, le roi accorde aux religieux de Cormery et à ceux de Villeloin la permission de se choisir un avocat pour défendre