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leurs propriétés et privilèges devant les comtes et tous juges quelconques. Ces avocats[1] avaient qualité pour s’enquérir des dommages causés aux protégés du roi ; ils pouvaient, au nom du prince, réclamer toute justice, réparation et restitution. Mais la parole des avocats de ce temps-là, quelque diserte qu’on la suppose, était une barrière ou un remède peu efficace contre des maux que la charte de Charles le Chauve qualifie en ces termes : Pro infestationibus vero pessimorum iniquorumque hominum.

Peu de temps après l’émission de ce titre important, le prince, dans sa bienveillance pour l’abbé Audacher et les moines de Cormery, leur concéda un diplôme fort curieux, destiné à confirmer à l’abbaye la possession du prieuré-hospice de Douze-Ponts, en Champagne. On y remarque cette phrase significative : afin qu’ils y trouvent un refuge pour se sauver de l’invasion des païens[2]. N’ayant pas la force, ni peut-être le courage de défendre ses sujets les armes à la main, le monarque songe du moins à procurer à ses amis une retraite sûre pour se mettre à l’abri des incursions des hommes du Nord.

Les courses de ces terribles pirates faisaient alors la terreur des paisibles habitants des bords de la Loire et des fertiles vallées de la Touraine. Les richesses de la célèbre basilique de Saint-Martin étaient pour eux un

  1. Advocatum, seu causldicum. — Cart. de Cormery, p. 34.
  2. Ob paganorum insecutionem inibi perfugium habere possent (Diplôme de l’an 865).