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appât irrésistible. En 853 ils reparurent sous les murs de Tours. Le débordement simultané de la Loire et du Cher, qui nous fit tant de mal il y a cinq ans, fut alors le salut de nos compatriotes. Déconcertés par l’inondation qui couvrait la large vallée entre les coteaux de St-Symphorien et de Grammont, n’ayant pas sur leurs frêles nacelles un point d’appui suffisant pour battre en brèche des murailles solides, les barbares se dédommagèrent sur Marmoutier, dont cent seize moines furent inhumainement massacrés. En attendant que les eaux rentrassent dans le lit naturel des deux rivières, les Normands se dirigèrent vers le Maine et réussirent à prendre la ville du Mans. L’effroi était chez nous à son comble. Déjà les avant-coureurs des bandes indisciplinées étaient revenus en Touraine. Pressentant les malheurs qui allaient fondre sur notre cité, les chanoines de Saint-Martin résolurent de soustraire les reliques de leur patron à la fureur des païens.

Dans le cours de cette même année 853, les habitants de Cormery virent arriver chez eux, et en bon ordre, une pieuse caravane composée de vingt-quatre moines, l’abbé Herberne en tête, de douze chanoines, et d’une troupe de bourgeois de Châteauneuf, en armes. Cette petite armée était chargée de transporter et de garder la châsse de saint Martin. En quittant Tours, elle avait l’espoir de trouver à Cormery un asile assez solitaire ou assez impénétrable pour y mettre en sûreté son précieux dépôt. On reconnut bientôt que cette place, à peu près sans défense, ne couvrirait pas suffisamment le trésor que tous étaient si jaloux de con-