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desséchés ; et des cours d’eau, patiemment creusés et habilement dirigés, vinrent apporter la fraîcheur et la fécondité dans des contrées qui semblaient vouées à une éternelle stérilité. Nous oublions aujourd’hui, en parcourant nos verdoyantes campagnes, où la culture séduit les regards, et, ce qui vaut mieux, apporte partout l’aisance, grâce à l’abondance et à la variété des produits, au prix de quelles fatigues ces plaines et ces collines ont été défrichées. Les monastères ont disparu. Rien à présent ne peut exciter l’envie ; il n’y aurait plus d’excuse à l’ingratitude.

À la fin du viiie siècle, le pays de Cormery, maintenant si gracieux et si paré, n’était qu’une solitude sauvage. Les Romains l’avaient dédaigné, préférant les coteaux pittoresques de Courçay, où ils établirent de somptueuses villas, remplacées plus tard par de vastes habitations mérovingiennes. La voie romaine de Poitiers à Tours, par Loches et Vençay, passait à quelque distance. Les bruits du monde n’y trouvaient aucun écho. De rares métairies étaient disséminées dans les campagnes environnantes. Ce désert séduisit le pieux Ithier, abbé de Saint-Martin de Tours, et prochancelier de l’empereur Charlemagne[1]. Il acheta le domaine de Cormery et y bâtit une Celle, espèce de prieuré où les moines faisaient une résidence temporaire. Ce fut d’abord une maison très-modeste, une espèce d’ermitage où l’abbé Ithier, avec deux ou trois compagnons, fuyant le bruit et les honneurs, allait passer de temps

  1. Monsnier, Hist. Eccles. S. Mart. Turon., p. 150.