Page:Cartulaire de Cormery.pdf/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
viii

en temps quelques jours de retraite. L’église, même avant d’être achevée, fut dédiée sous le vocable de la sainte Trinité. Le maître-autel fut consacré à saint Paul ; deux autres autels étaient sous l’invocation de saint Pierre et de saint Martin. Ce modeste prieuré fut connu sous le nom de la Celle-Saint-Paul. Nous ignorons la date précise de ce premier établissement, car Ithier gouverna l’illustre abbaye de Saint-Martin pendant vingt et un ans, de 770 à 791. C’est lui-même qui nous apprend les détails que nous venons de rapporter.

Ces faits suffisent pour rejeter dans le domaine des fables le récit tant soit peu satirique d’un chroniqueur peu ami des moines, qui donne une tout autre origine au monastère de Cormery. Suivant lui, les moines de Saint-Martin étaient tombés dans le relâchement. Pierre Béchin, et l’auteur de la Grande Chronique de Tours, ne font pas difficulté d’articuler les crimes dont ils s’étaient rendus coupables : « Ils vivaient, disent-ils, dans la délicatesse, portant des habits de soie et des chaussures de couleur éclatante. »[1] Cette recherche, il faut l’avouer, était peu conforme à la simplicité monastique ; pourtant, elle ne semble guère propre à exciter le courroux céleste. Durant la nuit, cependant, deux anges pénétrèrent dans le dortoir commun, où tous les moines goûtaient les douceurs du sommeil, à l’exception d’un seul qui veillait, occupé à lire les épîtres de saint Paul. L’un des anges, armé d’un glaive, frappait ceux que

  1. Chroniq. de Touraine, p. 40 et 93.