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jour où les moines, à l’exemple de Jésus-Christ, avaient l’habitude de laver les pieds à trois pauvres auxquels ils accordaient l’hospitalité. Parmi les religieux chargés en cette circonstance de remplir ce devoir d’humble assistance, se trouvait un moine nommé Chrétien, qui avait vu autrefois Léothéric dans le manoir paternel à la fleur de la jeunesse et somptueusement vêtu. Sous les haillons qui le couvraient, Léothéric avait la contenance que ne perdent jamais entièrement les gens de qualité. Le moine en fut frappé. Après l’avoir examiné avec attention, il crut le reconnaître. Aux questions qui lui furent adressées, l’étranger, malgré son embarras, fut contraint de répondre. L’abbé de Cormery s’empressa de venir recevoir le fils de l’illustre Maynard, un des bienfaiteurs du monastère. Léothéric, avec une noble simplicité, dévoila ses sentiments, et ne laissa point ignorer qu’il éprouvait un vif attrait pour la vie monastique. Il raconta ses voyages dans la capitale du monde chrétien, l’aliment solide que sa piété avait trouvé dans les sanctuaires de Rome, enfin, la déception cruelle qu’il avait prouvée au moment de s’embarquer pour la Palestine. Les moines étaient émerveillés de ces récits, propres à émouvoir leur dévotion et à piquer leur curiosité. Le pèlerin était également enchanté de la régularité, de la paix, de la sainte fraternité qui régnaient sous les cloîtres de Cormery. Encouragé par l’abbé Guy, il résolut d’embrasser l’état monastique, et il promit de revenir bientôt se mettre sous sa direction, après avoir visité ses parents, qu’il n’avait point vus depuis longtemps.