Page:Cartulaire de Cormery.pdf/62

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Léothéric fut reçu avec une joie extrême par sa famille. Ses parents, qui l’avaient cru mort, ne savaient comment témoigner le plaisir qu’ils éprouvaient en le retrouvant sain et sauf après une si longue absence. Mais il fallut trop vite, à leur gré, interrompre ces démonstrations si douces, et Anséïse dut cesser ses caresses maternelles. Léothéric annonça lui-même à ses parents le dessein qu’il avait formé de renoncer au monde et de se consacrer à Dieu le reste de ses jours. Maynard et Anséïse, tout en versant des larmes, ne s’opposèrent pas à la vocation de leur fils. Celui-ci revint en hâte à Cormery, où il revêtit sur-le-champ l’habit bénédictin. Il fut d’abord chargé de l’aumônerie. Mais, comme il éprouvait un attrait particulier pour la vie contemplative, il obtint de son supérieur la permission de se retirer dans la solitude. Il choisit d’abord le village d’Anché, situé sur les bords de la Vienne et dépendant de Cormery, pour y établir un ermitage. A l’exemple des anachorètes de la Thébaïde, il y vécut dans un oubli complet du monde, sans cesse absorbé dans la contemplation et la prière. Pour tout vêtement il portait un sac et un cilice ; pour sa nourriture, il se contentait de fruits et d’herbes crues, et ne buvait que de l’eau. Son jeûne était continuel. La nuit, il prenait son repos couché sur son cilice. Les vertus héroïques de ce saint personnage furent bientôt connues, et Dieu récompensa la vertu de son serviteur en lui accordant le don des miracles. Après un séjour prolongé dans le lieu de sa première retraite, Léothéric, à la demande de l’abbé de Cormery, vint se fixer à Vontes, sur la