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saints de l’ordre de Saint-Benoît[1]. Ce n’est malheureusement que l’abrégé d’un livre plus étendu, dû à la plume de Thibault, parent de Léothéric et moine de Cormery. Ce curieux ouvrage a péri, comme tant d’autres manuscrits précieux, autrefois déposés à la bibliothèque ou aux archives de l’abbaye.

Peu de temps avant que Léothéric rendît le dernier soupir, un moine de Cormery, nommé Guillaume-Louis, originaire d’un bourg voisin de Tours nommé les Roches, aujourd’hui Rochecorbon, était parti pour l’Orient. C’était un esprit cultivé, une âme ardente, un de ces intrépides aventuriers dont la fin du {{sc|xi}e siècle et le commencement du {{sc|xii}e nous montrent l’audace, la persévérance, et souvent la bonne fortune. Guillaume alla de Cormery à Constantinople, de là dans l’Asie-Mineure, à Nicomédie. Dans cette dernière ville, les Sarrasins avaient jeté l’épouvante et le trouble. Les moines d’un monastère célèbre, charmés des qualités de Guillaume, l’élurent abbé. Le nouveau prélat rendit tous les services imaginables à ces pauvres religieux, si cruellement exposés aux attaques des disciples fanatiques de Mahomet. Il fit usage, en leur faveur, du crédit dont il jouissait à la cour de l’empereur d’Orient. Bientôt cependant, bravant des dangers de toute espèce, à travers un pays en proie aux horreurs de la barbarie, il réussit à atteindre Jérusalem et à visiter les saints lieux. Il paraît que sa réputation ne tarda pas à s’étendre au loin ; car, à son retour en Europe et à son passage par l’Italie méridionale, il fut nommé évêque de Salpia,

  1. Acta SS. Ordinis S. Bened., sec. vi, Pers ii, pag. 904.