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molestés, et leurs colons maltraités. A la fin, Thibault et Albert, moines de Cormery, se rendirent à Chinon, où se trouvait le comte Foulques, réclamant justice, et offrant de prouver la vérité de leurs allégations. Le comte ordonna que les moines fussent admis à faire preuve par le jugement de Dieu. Il s’agissait de subir l’épreuve du fer ardent. Eudes Amaury, le tenant de l’abbaye, fut enfermé trois jours avant celui du jugement. Au moment de l’épreuve, il saisit le morceau de fer rougi au feu et le porta gaiement jusqu’à l’église Notre-Dame de Montbazon. La main fut enveloppée aussitôt et attachée avec des liens sur lesquels on apposa des sceaux. Le troisième jour, les sceaux furent rompus à Veigné, en présence d’un grand nombre de témoins. Eudes Amaury avait la main saine, sans la moindre trace de brûlure, l’épiderme était frais et intact. Aussitôt les moines coururent à Tours rendre compte à Foulques de ce qui était arrivé. Le prévôt de Montbazon affirma la vérité du fait. Alors le comte déclara que l’abbaye resterait désormais en possession paisible du domaine en litige. Cet événement curieux se passait en 1123. Parmi les témoins nous trouvons les noms de Maynard, abbé, de Thibault et d’Albert, moines de Cormery ; d’Isambard Buot ; de Constant Moulnier, de Veigné ; de Michel, prévôt de Montbazon ; de Jean Baillargié, qui accompagnait le prévôt ; de Pierre, maire de Veigné ; de Poupard ; de Robert, prieur de Veigné ; de Vital Bivard, etc.

La même année, les religieux achetèrent la dîme de Luzillé à Eudes Amaury, client de l’abbaye, le même