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Pour se débarrasser d’un aussi mauvais voisinage, le gouverneur de Touraine crut qu’il n’y avait pas de meilleur moyen que d’incendier et de ruiner ces deux places. Ainsi, par une sorte de fatalité, amis et ennemis conspiraient à leur perte. Afin d’agir plus rapidement et plus énergiquement dans ce projet de destruction, le maréchal de Nesle envoya deux artificiers, nommés Pierre de Combet et Jean Châtelain, avec huit livres de poudre pour mettre le feu d’abord à Azay, et ensuite à Cormery. À cette époque l’emploi de la poudre était peu connu. Les effets de cette terrible découverte jetaient partout l’épouvante.Azay en fit la triste expérience : le bourg devint la proie des flammes. Il en conserva depuis le surnom d’Azay-le-Brûlé.

Les Anglais parurent devant Cormery, le 21 mars 1358, sous la conduite de Basquin du Poncet. Ils s’emparèrent d’abord de la ville. Tout fut mis au pillage, et les maisons furent renversées. Qui pourrait peindre cette scène de désolation ? Parmi les habitants plusieurs furent égorgés, beaucoup furent couverts de blessures, d’autres furent mis à rançon ; le reste, femmes et enfants, fut emmené prisonnier au château de la Roche-Posay. L’église Notre-Dame de Fougeray fut dévastée. Ces brigands ne respectèrent rien. Non contents de jeter le deuil dans les familles, ils y portaient le déshonneur.

Cinq jours après, ils réussirent à entrer dans l’abbaye. La nef de l’église abbatiale fut convertie en écurie, où ils placèrent leurs chevaux. Après avoir volé tout ce qui parut à leur convenance, ils s’amusè-