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rent, jusque dans le lieu saint, à tourmenter et à tuer les prisonniers. Le smoines avaient pris la fuite auparavant, à l’exception de sept ou huit qui furent arrêtés.

Quelles journées néfastes pour Cormery ! En quelques instants, l’œuvre de plusieurs siècles fut anéantie. Les édifices publics et privés, sacrés et profanes, furent démolis de fond en comble. Le monastère fut transformé en citadelle. Les ennemis en fortifièrent les murs, déjà très-hauts et très-épais. Pour faciliter me travail, ils renversèrent une chapelle et d’autres bâtiments afin d’en prendre les pierres. Les fossés furent élargis, les ponts rompus, les abords déblayés. En un mot, l’asile de la paix fut métamorphosé en château-fort et devint le repaire d’une soldatesque indisciplinée.

Non content d’avoir ainsi ruiné la ville, ces bandits détruisirent Vonte, Aubigny et Montchenin ; puis ils se répandirent dans les campagnes de Truyes, de Tauxigny, d’Esvres et de Louans. Partout ils renouvelèrent les mêmes violences. Le pays n’oublia jamais cette invasion, dont il eut beaucoup de peine à se remettre. Joachim Périon estime que mille maisons environ furent détruites à Cormery. Il ne donne comme preuve, que de son temps il trouvait mentionnées dans de vieux documents historiques des rues qui n’existent plus. Ainsi, avant l’arrivée des Anglais, il y avait la rue des Boulangers, la rue des Chaussetiers, la rue des Foulonniers : les différents corps de métiers étaient alors réunis dans autant de rues distinctes.

Enfin l’espérance commença de renaître. Les nécessités de la guerre, et surtout le désir de fouler de nou-