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Hélas ! l’entreprise faillit être abandonnée dès le début. L’année suivante, en effet, en 1412, l’alerte fut donnée à Cormery. Les Anglais étaient revenus. Appelés en Touraine par suite de luttes déplorables entre les Bourguignons et les Armagnacs, toujours prêts à profiter de nos discordes intestines, ils venaient de prendre et de saccager l’abbaye de Beaulieu, près de Loches. Déjà ; des avant-coureurs, espèces de pillards à la suite de tous les corps d’armée irréguliers, étaient arrivés à Cormery. L’alarme fut bientôt générale. Comment détourner le péril ? Les moines tinrent conseil, et offrirent de ; racheter l’abbaye, les villes et les campagnes environnantes. On débattit le prix de la rançon, qui resta fixé à 350 écus d’or par mois. L’écu d’or valait alors vingt-deux sous et pourrait être estimé à 15 francs environ de notre monnaie actuelle. C’était une somme considérable pour un établissement qui n’avait pas encore réussi à réparer ses pertes récentes. « Mais, dit naïvement le chroniqueur, de deux maux il faut savoir choisir le moindre. En présence d’un péril imminent, il fallait se décider à fuir, à combattre et peut-être à se faire tuer. N’était-il pas préférable de payer ? » Ce bon moine avait raison, la lutte était trop inégale, pour ne pas dire impossible. On se résigna donc à délier les cordons de la bourse. L’acte de rachat fut signé à Beaulieu le 30 octobre 1412. Les deux commissaires étaient Jacques de Villain, représentant de l’abbé de Cormery, et Jean Blount, chevalier, de la part des Anglais. En échange, Thomas, comte de Dorset, amiral d’Angleterre et d’Irlande, et