Page:Cartulaire de Cormery.pdf/83

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rien ne soict par eulx ne aulcun d’eulx faict, procuré ne attenté encontre l’estat de mon dict très-souverain seigneur, ne aulcun de ses liges, et par especial en cet ost. Donné soubz notre sceel, en notre ville de Beaulieu le vingtiesme jour d’octobre. »

Le premier paiement était obligatoire quelques jours seulement après la signature du traité. Les moines épuisèrent toutes leurs ressources, et comme il leur manquait 120 livres pour parfaire la somme, ils furent obligés de les emprunter. Ce n’était pas assez de solder la contribution des Anglais, il fallait vivre. En cette même année les moines empruntèrent cent écus d’or à Benoît Fromentin, de tours ; ils vendirent à un certain Martineau douze muids et quatre setiers de froment, au prix de six livres quinze sous chaque muid. Ils se défirent de douze coupes et de douze cuillers d’argent au prix de douze marcs, le marc valant douze écus. Dès le mois de septembre, ils avaient fait transporter à Tours les reliquaires les plus précieux. Trois charrettes en furent chargées ; elles étaient accompagnées de trois conducteurs armés et de deux bénédictins. Telle était la terreur qui régnait partout et troublait les esprits, que, pour rendre les Anglais plus traitables, on leur envoya, comme petits présents, des perdrix, des faisans, des chapons et un brochet vivant. Soins inutiles, peines perdues ! Les Anglais devenaient de plus en plus menaçants. Malgré leurs engagements, ils allaient faire un mauvais parti aux moines de Cormery. Ceux-ci furent contraints de prendre la fuite dans la soirée du cinq des calendes de