Page:Casanova - Mémoires de ma vie, Tome 10.pdf/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179. 245
[111r]


consul m’assura que si je pouvois venir à bout de cette affaire je me mettrois si bien dans l’esprit des inquisiteurs d’état que si je n’obtenois pas par ce moyen ma grace, je me rendrois du moins digne de leur consideration, et que je devois m’abandonner à son amitié pour la direction, et pour la tournure qu’il donneroit à mon ouvrage pour m’en faire gagner tout le merite. Je lui ai repondu que j’y penserois.

Je n’ai pas tardé à parler de l’affaire au comte gouverneur, qui la connoissant m’assura qu’il trouvoit l’opinoatreté du conseil de commerce scandaleuse ; mais il m’ajouta qu’il ne savoit qu’y faire, puisque cette resolution ne dependoit pas de lui. Il me dit que le conseiller Rizzi étoit le grand obstiné qui par des paralogismes entrenoit dans la sienne presque toujours l’opinion de tous les autres. Il me conseilla de lui presenter une écriture sur cette matiere dans la quelle traitant l’affaire dans tous les points de vue je demontrerois que la Diligence passant par Udine contribueroit à l’avantage de Trieste ba en qualité de port franc beaucoup plus qu’à celui d’Udine donc le commerce étoit tres petit. Il me dit qu’il enverroit au conseil l’ecriture sans dire de qui elle lui venoit, et que se montrant convaincu lui même il chargeroit les conseillers opposans de refuter mes raisons par des objections convaincantes, et il m’assura qu’il diroit en plein conseil que si l’affaire ne se concluoit pas il l’enverroit à Vienne avec son avis.

Me voyant alors sûr de mon fait, j’ai fait un écrit au quel car je savois que j’ecrirois de façon qu’on ne pourroit me repondre qu’en biaisant. Le ; j’ai dit au consel qu’il pouvoit s’engager d’avance que je reusserois conseil decreta que pour l’avenir la diligence passeroit par Udine allant, et revenant, et ce fut à moi que le comte de Wagensberg remit la copie du decret. Je l’ai d’abord portée au consul, et suivant son conseil j’ai ecrit au secretaire du tribunal que je resignois mon me croyois heureux d’être reussi à donner au tribunal une marque du zele qui m’-