avoient, et qu’elles n’osoient pas me decouvrir. Elles retournerent dans
la chambre se pamant de rire, puisqu’elles ne pouvoient pas se tenir
debout. Je les ai laissées un moment par la même raison, mais et non
pas un peu moins ivre qu’elles. Elles etoient assises devant le feu, ne faisant
que rire de l’état dans le quel elles se trouvoient. Je leur servois
de paravant, ne leur disant rien du plaisir que j’avois a
les voir dans un desordre qui me laissant contempler la beauté
de leur sein me ravissoit l’ame. Je les remerciois toutes les
deux du plaisir qu’elle me procuroient avec leur charmante
compagnie. Je leur ai dit que nous ne devions pas sortir de l’auberge
qu’apres avant d’avoir bu tout le punch. Elles me repondirent
en se pamant de rire que ce seroit un dommage de le laisser là ; et nous
bumes. J’ai osé leur dire que leur jambes étoient si belles que
je ne saurois pas les quelles meritoient la preference, et pour
lors elle redoublerent leur rire parcequ’elles ne s’étoient pas
apperçues que leur robes ouvertes, et leur jupes courtes m’en
laissoient voir la moitié.
Après avoir fini le punch nous restames encore une demie heure à causer sans raisonner, me felicitant toujours en moi même de la force que j’avois de ne rien entreprendre sur elles. Au moment de partir je leur ai demandé, si elles pouvoient se plaindre de moi, et Armelline la premiere me dit que si je la voulois pour fille d’ame elle étoit prête à me suivre par tout — Vous ne craignez donc plus que je puisse vous exciter à manquer à vos devoirs — Non ; je me crois sûre avec vous — Et vous ? dis-je a Emilie — Et moi, je vous aimerai, lorsque vous ferez pour moi ce que la superieure vous dira demain — Je ferai tout ; mais je n’irai lui parler que vers le soir, car actuellement il est trois heures.