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belle au point qu’elle surpasse l’expectative.

Tres contente de ma conquête, et de la certitude que j’avois de parvenir à me rendre parfaitement heureux je suis entré dans ma chambre, où j’ai trouvé Marguerite profondement endormie sur le canapé. Je me suis vite deshabillé, et sans faire aucun bruit j’ai eteint la bougie, et je me suis couché, et enseveli livré d’abord au dans le someil dont j’avois le plus grand besoin. À mon reveil à midi, Marguerite me dit qu’un tres beau monsieur étoit venu pour me voir sur les dix heures, et que n’ayant pas osé me reveiller elle l’avoit amusé jusqu’à onze. Je lui ai fait, me dit elle, du caffé qu’il a trouvé fort bon ; il m’a dit qu’il reviendra demain, et et il s’en est allé après me disant de vous faire ses complimens, et prometant de revenir demain. Il n’a pas voulu me dire son nom. Qui est il donc ? C’ C’est un des plus aimables hommes que j’aye connu. Il m’a Je n’ai pas pu me defendre : il m’obligué à recevoir fait cadeau de cette piece que je ne connois pas : j’espere que vous n’en serez pas fachée.

C’etoit le Florentin : il lui avoit donné une piece de deux onces. Cela m’a fait rire, et n’etant nullement jaloux de Marguerite, je lui ai dit qu’elle avoit bien fait à l’entretenir, et encore mieux à recevoir la piece qui valoit quarante huit pauls. Elle m’embrassa tendrement, et en grace de cette avanture elle m’epargna les reproches qu’elles m’auroit fait d’etre rentre si tard en grace de cette aventure. Curieux de savoir qui étoit ce phenix de la Toscane qui étoit si genereux j’ai lu la lettre de Donna Leonilda. C’étoit Monsieur +++ negociant etabli à Londres, qui avoit été recomandé à son mari par un chevalier de Malte qui étoit à Marseille d’où il etoit arrivé par mer, il étoit maitre de sa fortune aimable, instruit, et genereux ; elle m’assuroit que je l’aimerois. Après m’avoir dit