Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/111

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ces fragmens au commencement de mon travail n’étoient pas plus grands qu’un grain de froment : ces chicots dans la ſuite devinrent plus gros. La planche étoit du bois de Meleze, de ſeize pouces de largeur : j’ai commencé à l’entamer à ſa connexion à l’autre planche : il n’y avoit ni clou, ni fer, et mon ouvrage étoit tout uni. Après ſix heures de travail j’ai noué ma ſerviette, et je l’ai placée de côté pour aller la vuider le lendemain derrière le tas de cahiers qui étoit dans le fond du galetas. Les fragmens de la rupture formoient un volume quatre à cinq fois plus grand de la cavité d’où je l’avois tiré ; la courbe pouvoit être de trente degrès d’un cercle : ſon diamêtre étoit de dix pouces à peu près ; et je me ſuis trouvé très-content de mon travail. J’ai remis mon lit à ſa place ; et le lendemain en vuidant ma ſerviette j’ai reconnu que je n’avois pas motif de craindre que mes fragmens fuſſent vus.

Le ſecond jour j’ai trouvé ſous la première planche, qui avoit deux pouces d’épaiſſeur, une ſeconde planche, que j’ai jugée pareille à la première. N’ayant jamais eu le malheur d’avoir des viſites, et étant toujours tourmenté de la crainte d’en avoir, je ſuis