Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/127

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que j’en faiſois préſent à ſa femme. Je ne lui ai pas dit que c’étoit le loyer de ma lampe, mais il l’a peut-être penſé.

Entièrement adonné à mon travail j’ai paſſé ſept ſemaines ſans avoir jamais été interrompu, et le 23 d’août j’ai vu mon ouvrage à ſa perfection. La raiſon de cette longueur fut un incident très-naturel. En creuſant la dernière planche toujours avec la plus grande circonſpection pour ne la rendre que fort-mince ; parvenu très-près de ſa ſurface oppoſée, j’ai mis l’œil à un petit trou par lequel je devois voir la chambre ; et effectivement je l’ai vue, mais en même tems j’ai vu très-peu diſtante du même petit trou qui n’étoit pas plus grand qu’une goutte de cire, une ſurface perpendiculaire d’environ huit pouces. C’étoit ce que j’avois toujours craint : c’étoit une des poutres qui ſoutenoient le plafond. Je me ſuis vu forcé à rendre le trou que j’avois fait plus grand du côté oppoſé à cette poutre ; car elle rendoit le paſſage ſi étroit que ma perſonne d’aſſez riche taille n’auroit jamais pu y paſſer. J’ai dû rendre le trou plus grand d’un quart, craignant encore toujours que l’eſpace entre les deux poutres ne fût pas ſuffiſant. Après l’ampliation,