Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/128

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un ſecond petit trou du même calibre, que j’ai fait, et où j’ai mis l’œil, me fit voir mon ouvrage, Dieu merci, réduit à ſa perfection. J’ai bouché les petits trous pour empêcher que les petits fragmens ne tombent dans la chambre des inquiſiteurs, et qu’un rayon de lumière de ma lampe en y paſſant ne donnât indice de mon opération à quelqu’un qui auroit pu l’appercevoir.

J’ai fixé le moment de mon évaſion dans la nuit précédant la fête de ſaint Auguſtin, non pas tant parcequ’il y avoit déjà plus de quatre ſemaines que je l’avois fait mon protecteur, comme parceque je ſavois que dans cette fête là le grand conſeil s’aſſembloit, et que par conſéquent il n’y auroit pas de monde à la bouſſole contigue à la chambre par laquelle je devois néceſſairement paſſer en me ſauvant. J’ai donc fixé de ſortir dans la nuit du vingt ſept.

La journée du vingt cinq à midi il m’arriva ce qui me fait friſſonner encore dans ce moment où je vais l’écrire. À midi précis j’ai entendu le glapiſſement des verrous : j’ai cru de mourir. Un violent battement de cœur, qui frappoit plus que ſix pouces plus bas que ſa région, me fit craindre mon dernier