Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’eſpion. Il m’embarraſſa un jour en me diſant qu’il ne concevoit pas comment un ange pouvoit avoir beſoin d’un tems ſi long pour percer des planches. Lorsque j’ai ſu que le petit canal en cercle étoit fini, j’ai accepté le ſerment qu’il me fit de quitter ſon vilain métier, et je lui ai juré de ne jamais l’abandonner.

Il ſe peut qu’ici quelque lecteur ait beſoin d’une déclaration de ma façon de penſer ſur ce ſerment, et ſur l’uſage que j’ai fait de nos ſacrés myſtères, et de notre religion pour tromper ce méchant animal. J’ai auſſi beſoin de la faire en général cette déclaration en qualité d’apologie, car je ne veux ni ſcandaliſer perſonne, ni paſſer pour un autre. Je dirai donc que je ne prétends ni de me vanter, ni de me confeſſer : mon but n’eſt que d’écrire la pure vérité ſans m’embarraſſer du jugement, que quiconque me lira pourra porter ſur ma façon de penſer, ou ſur ma morale ; mais par manière d’acquit je puis cependant m’expliquer un peu là-deſſus.

Je ne me vante pas d’avoir abuſé de ma religion, et du germe que cet homme là en avoit dans l’ame, parceque je ſais que je m’en ſuis ſervi à contre-cœur, et ne pouvant