Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/203

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d’y laiſſer la vie évident. Il dit que la déclivité du toit garni de plaques de plomb ne permettoit pas de s’y tenir de bout, et encore moins d’y marcher, que toutes les lucarnes étoient grillées de fer, et qu’elles étoient inacceſſibles, car elles étoient toutes diſtantes des bords ; que les cordes que j’avois me ſeroient inutiles, parceque je n’aurois pas trouvé un endroit propre à y attacher ferme un bout : que quand même nous l’aurions trouvé, un homme deſcendant d’une ſi grande éminence ne pouvoit pas ſe tenir aſſez long-tems ſuſpendu ſur ſes bras, ni s’accompagner jusqu’au bas, qu’il auroit fallu qu’un de nous trois deſcendît un à la fois les deux, comme on deſcend un ſeau dans un puit, et que celui qui feroit cette charitable opération ſe ſentît diſpoſé à reſter là, et à retourner dans ſon cachot. Il dit qu’en ſuppoſant que nous euſſions pu nous deſcendre tous les trois, nous ne pouvions penſer qu’au côté du canal, puisque de l’autre il y avoit la cour, où la garde des arſenalotti veilloit toute la nuit, et que n’ayant point ſur le canal du palais ni une gondole, ni un bâteau, nous aurions dû parvenir au rivage en nageant, et que dans un état déplorable, et tout mouillés nous