Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/210

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entre les connexions des plaques d’une à l’autre, de ſorte que ſaiſiſſant avec mes quatre doigts le bord de la plaque que j’avois élevé, j’ai pu m’aider à monter jusqu’au ſommet du toit. Le moine pour me ſuivre, avoit mis les quatre doigts de ſa main droite à la ceinture de mes culottes à l’endroit de la boucle, moyennant quoi j’avois le malheureux ſort de la bête qui porte, et traîne ; et, qui plus eſt en montant une déclivité mouillée par le brouillard. À la moitié de cette montée aſſez dangéreuſe, le moine me dit de m’arrêter, parcequ’un de ſes paquets s’étant détaché de ſon cou étoit allé en roulant peut-être pas davantage que ſur la goutière : mon premier mouvement fut une tentation de lui ſangler une ruade : il ne falloit pas davantage pour l’envoyer vite rejoindre ſon paquet ; mais Dieu m’a donné la force de me retenir : la punition auroit été trop grande de part et d’autre, car tout ſeul je n’aurois abſolument jamais pu me ſauver. Je lui ai demandé, ſi c’étoit le paquet de cordes ; mais lorsqu’il me dit que c’étoit celui où il avoit ſa redingotte noire, deux chemiſes, et un précieux manuſcrit qu’il avoit trouvé ſous les plombs, qui à ce qu’il prétendoit devoit faire ſa fortune, je lui ai