Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/212

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féroce alors que quand je grimpois, je lui ai dit aſſez tranquillement, que les deux accidens qui venoient de lui arriver n’avoient rien d’extraordinaire pour qu’un ſuperſtitieux pût leur donner le nom d’augures, que je ne les prenois pas pour tels, et qu’ils ne me décourageoient pas ; mais qu’ils devoient lui ſervir de dernières inſtructions pour être prudent, et ſage, et pour réfléchir, que ſi ſon chapeau au lieu de tomber à ſa droite fût tombé à ſa gauche, nous aurions été immanquablement perdus, puisqu’il ſeroit tombé dans la cour du palais, où les arſenalottes, qui y font toute la nuit la ronde, l’auroient ramaſſé, et auroient jugé qu’il y avoit du monde ſur les plombs, et ils n’auroient pas manqué de faire leur devoir en trouvant le moyen de nous faire une viſite.

Après avoir paſſé quelques minutes à regarder à droite et à gauche, j’ai dit au moine de reſter là immobile avec les paquets jusqu’à mon retour. Je ſuis parti de cet endroit n’ayant que mon eſponton à la main, et marchant ſur mon derrière toujours à cheval de l’angle ſans nulle difficulté. J’ai employé presqu’une heure à aller partout, à viſiter, à obſerver, à examiner, et ne voyant dans