Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/258

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qu’elle me feroit à ſouper, comme ſon maître lui en avoit donné l’ordre. J’ai accepté, lui diſant que j’avois beſoin de me coucher. Elle me fit entrer dans une belle chambre, où d’abord que j’ai vu ſur une table ancre, et papier, j’ai écrit une lettre de remerciement au maître de la maiſon, que je ne connoiſſois pas. J’ai vu par l’adreſſe de pluſieurs lettres, qui étoient là que j’étois chez M. de Rombenchi conſul, je ne me ſouviens pas de quelle puiſſance. J’ai cacheté ma lettre, et je l’ai laiſſée à la bonne femme, qui me fit un ſouper délicat, et me traita avec tous les égards. Au bout d’un excellent ſommeil d’onze heures, je partis, je paſſai le fleuve diſant que je paierois à mon retour, et j’ai marché cinq heures. Le père gardien d’un couvent de Capucins me donna à dîner, et je crois qu’il m’auroit auſſi donné de l’argent, s’il n’eût pas eu peur de me ſcandaliſer. Je me ſuis remis en chemin, et deux heures avant la fin du jour, j’ai demandé à un payſan à qui appartenoit une maiſon, que je voyois, et je me ſuis réjoui en entendant le nom d’un de mes amis aſſez riche, et que je croyois honnête homme. Je m’achemine à cette maiſon, j’y entre, je demande le maître, on me dit