Aller au contenu

Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

mander au doyen, qui ne l’étoit pas aſſez pour lui en offrir. Je ne lui ai pas répondu.

Reſté ſeul, et tranquille, j’ai penſé à rétablir ma ſanté ; car les fatigues, et les peines ſouffertes m’avoient donné des contractions aux nerfs, qui pouvoient devenir ſérieuſes. Un bon régime me rendit en moins de trois ſemaines ma parfaitte ſanté. Dans ces mêmes jours Madame Rivière vint de Dresde à Munick avec ſes deux filles, et un fils pour aller marier ſon ainée à Paris. Je connoiſſois le fils, excellent garçon, qui vit aujourd’hui à Paris chargé de famille, et d’affaires de la maiſon électorale de Saxe. Sa mère très-bonne femme, qui connoiſſoit d’ailleurs tous mes parens, fut enchantée de me conduire gratis dans la ſeule ville de l’univers faite pour ceux qui ont beſoin d’invoquer le ſuffrage de la fortune. Ce coup de bonheur me fit prévoir toutes les grâces que la déeſſe ſe plairoit à me faire dans la carrière d’aventurier, ſur laquelle je devois me mettre : elles furent exceſſives, mais je n’en ai pas fait bon uſage ; j’ai démontré par ma conduite que la fortune ſe plaît à favoriſer ceux qui abuſent de ſes bienfaits.