Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/275

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lorsqu’il lui vient le caprice de ſe montrer, tout le monde étonné fixe ſes regards ſur elle, puisqu’elle eſt toute nue, elle eſt femme, et toute belle. Je ne donnerai pas à mon hiſtoire le titre de confeſſions, car depuis qu’un extravagant l’a ſouillé, je ne puis plus le ſouffrir : mais elle ſera une confeſſion, ſi jamais il en fut.

Je ne me ſoucie pas de ſavoir, ſi elle me conciliera l’eſtime de ceux qui s’imaginent de me connoître, et qui ne m’eſtiment pas, car je ne me donnerai pas la peine d’écrire pour eux ; mais je ſuis ſûr qu’elle ne me produira le mépris de perſonne, car il eſt impoſſible qu’un homme qui penſe ſoit mépriſable ſans qu’il ſache de l’être ; et je ſais que je n’aurois pas pu me ſouffrir vivant, ſi je me fuſſe reconnu pour tel. Si après ma mort on pourra m’adapter la deviſe d’extinctus amabitur idem, je ne demande pas d’avantage : Nil ultra deos laceſſo. J’aurai des illuſtres compagnons.

Encore deux mots à mon lecteur ; et j’ai fini. Laurent ſot gardien des plombs, qui étoit né pour favoriſer ma fuite avec ſa grande bêtiſe, tout comme j’étois né pour être la cauſe de ſa mort, ce qui m’eſt fort-