Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/60

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nouvelle de la ſentence ? Son conſentement n’eſt pas néceſſaire : il vaut mieux, dit-on, de le laiſſer eſpérer : ſi l’on lui en rendît compte, il ne reſteroit pas pour cela en priſon une ſeule heure de moins : celui qui eſt ſage ne rend compte à perſonne de ſes affaires : et juger, et condamner ſont les affaires du tribunal, dont le coupable ne doit pas ſe mêler. Je ſavois en partie ſes uſages ; mais il y a ſur la terre des choſes qu’on ne peut dire de bien ſavoir que lorsqu’on les ſait par expérience. Si entre mes lecteurs il s’en trouve quelqu’un auquel ces regles paroiſſent injuſtes, je lui pardonne parceque vraiment elles n’en ont pas mal l’apparence ; mais il faut qu’il ſache qu’étant d’inſtitution elles deviennent juſtes ou du moins néceſſaires, parcequ’un tribunal pareil ne ſauroit ſubſiſter que par elles. Ceux qui les tiennent en vigueur ſont des ſénateurs choiſis entre les plus qualifiés, et reconnus pour les plus vertueux. Élus à couvrir ce poſte éminent ils doivent jurer de faire ce que les premiers inſtituteurs ont préſcrit à ceux qui y préſident ; et ils n’y manquent pas, quoique quelque-fois en ſoupirant. Il n’y a que ſept à huit ans que je fus témoin des ſoupirs d’un